Généralités
On ne dispose d’aucun résultat d’étude clinique comparative portant sur l’utilisation du cypionate de testostérone chez les hommes âgés (> 65 ans) permettant d’étayer l’efficacité et l’innocuité du produit dans le cadre d’un traitement de longue durée. On ignore quels pourraient être les effets du traitement sur la prostate et les taux d’accidents cardiovasculaires de même que les principales conséquences du traitement pour le patient.
DEPO-TESTOSTERONE ne doit pas être utilisé aux fins d’amélioration de la performance sportive ou de la modification de la composition corporelle. L’efficacité et l’innocuité de DEPO‑TESTOSTERONE utilisé à de telles fins n’ont pas été établies. Il convient d'informer les patients des graves conséquences à long terme pour la santé qui sont associées à l’emploi abusif de testostérone et de stéroïdes anabolisants (voir MISES EN GARDE ET PRÉCAUTIONS – Pharmacodépendance et emploi abusif ou détourné et également MISES EN GARDE ET PRÉCAUTIONS – Dépendance).
À moins qu’un déficit en testostérone n’ait été établi, il ne faut pas recourir à un traitement substitutif par la testostérone dans les cas de dysfonction sexuelle.
Les études cliniques réalisées n’ont pas permis d’établir l’utilité du traitement substitutif par la testostérone contre l’infertilité masculine.
DEPO-TESTOSTERONE renferme de l’alcool benzylique. Utilisé comme agent de conservation, l’alcool benzylique a été associé à des effets indésirables graves, y compris le « syndrome de halètement » et la mort chez des enfants. Les nourrissons prématurés ou de faible poids à la naissance peuvent être plus sujets aux manifestations de toxicité.
On ne peut employer indifféremment le cypionate de testostérone et le propionate de testostérone, car leur durée d’action n’est pas la même.
Pharmacodépendance et emploi abusif ou détourné
DEPO-TESTOSTERONE renferme de la testostérone, une substance figurant à l’annexe G de la Loi sur les aliments et drogues.
La testostérone est une substance susceptible d’être utilisée de façon abusive, en général lorsqu’elle est prise à des doses plus élevées que celles recommandées pour l’indication approuvée et en association avec d’autres stéroïdes androgènes anabolisants. L’emploi abusif d’un stéroïde androgène anabolisant peut causer des effets indésirables graves, y compris des effets psychiatriques et des effets sur le système cardiovasculaire pouvant entraîner la mort (voir SURDOSAGE – Surdosage chronique découlant d’un emploi abusif).
Si une utilisation abusive de testostérone est soupçonnée, il faut vérifier la concentration sérique de testostérone pour s’assurer qu’elle se situe à l’intérieur de la marge thérapeutique. Soulignons cependant que le taux de testostérone peut se révéler normal ou inférieur aux valeurs normales chez les hommes qui utilisent des dérivés synthétiques de la testostérone de façon abusive.
Carcinogenèse et mutagenèse
Voir également la rubrique TOXICOLOGIE – Données recueillies chez humain.
Prostate : Les hommes âgés traités aux androgènes pourraient être plus exposés à une hyperplasie ou à un cancer de la prostate (voir Populations particulières – Personnes âgées).
Seins : Les patients soumis durant de longues périodes à un traitement substitutif par la testostérone pourraient présenter un risque plus élevé de cancer du sein.
Foie : La prise prolongée de doses élevées d’androgènes 17α-alkylés (comme la méthyltestostérone) actifs après administration orale a été associée à des effets graves sur le foie (péliose hépatique, néoplasmes hépatiques, hépatite cholostatique et ictère). La péliose hépatique est une complication qui peut mettre la vie du patient en danger et même causer la mort. Le traitement de longue durée par l’énanthate de testostérone administré par voie intramusculaire, qui produit des concentrations sanguines élevées pendant de longues périodes, a causé la formation de multiples adénomes hépatiques.
Os : Chez les patients porteurs de métastases osseuses, un traitement concomitant aux androgènes est assorti d’un risque d’exacerbation d’une hypercalcémie et d’une hypercalciurie existantes.
Système cardiovasculaire
La testostérone peut accroître la tension artérielle et doit être utilisée avec prudence chez les patients hypertendus.
L’œdème, accompagné ou non d’insuffisance cardiaque, peut représenter une complication grave chez les patients déjà atteints d’une maladie cardiaque, rénale ou hépatique. Un traitement diurétique pourrait s’imposer, en plus du retrait de l’androgène.
Certaines études effectuées après la commercialisation du produit donnent à penser qu’il y a un risque accru de manifestations cardiovasculaires graves, tels que l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral (AVC), lors d’un traitement par la testostérone. Il est donc recommandé d’informer les patients de ce risque lors de la prise de décision quant à l’instauration ou à la poursuite d’un traitement par DEPO-TESTOSTERONE (cypionate de testostérone pour injection). Avant d’entreprendre un tel traitement, il faut évaluer les facteurs de risque cardiovasculaire (p. ex., présence d’une cardiopathie ischémique) et les antécédents de manifestations cardiovasculaires (p. ex., infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral ou insuffisance cardiaque) des patients. Ces derniers doivent également faire l’objet d’une surveillance étroite visant à détecter tout signe de complications cardiovasculaires graves durant le traitement par la testostérone. Si la présence de l’une de ces manifestations graves est soupçonnée, on doit interrompre le traitement par DEPO-TESTOSTERONE, effectuer une évaluation adéquate et adopter une prise en charge appropriée.
Dépendance
Les personnes qui prennent des doses de testostérone supérieures aux doses thérapeutiques peuvent présenter des symptômes de sevrage pendant des semaines ou des mois. Ces symptômes comprennent : humeur dépressive, dépression majeure, fatigue, état de manque, agitation, irritabilité, anorexie, insomnie, baisse de la libido et hypogonadisme hypogonadotrophique.
La pharmacodépendance chez des personnes qui prennent des doses approuvées de testostérone pour les indications approuvées n’est pas documentée.
Système endocrinien / métabolisme
Il a été démontré que les androgènes faussaient les résultats des épreuves de tolérance au glucose. Les patients diabétiques doivent faire l’objet d’une surveillance attentive; leur dose d’insuline ou d’hypoglycémiant oral doit être ajustée en conséquence (voir INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES – Interactions médicament-médicament).
Il se peut que le traitement aux androgènes exacerbe l’hypercalciurie et l’hypercalcémie causées par des tumeurs malignes. Il faut donc utiliser ces agents avec prudence chez les patients cancéreux présentant un risque d’hypercalcémie (et d’hypercalciurie secondaire). On recommande un dosage régulier du calcium sérique chez les patients exposés à un risque d’hypercalcémie ou d’hypercalciurie.
Une hypercalcémie peut se produire chez les patients immobilisés. Dans ce cas, il faut mettre fin au traitement.
Appareil circulatoire
Il importe de mesurer périodiquement l’hémoglobinémie et l’hématocrite (pour déceler une éventuelle polyglobulie) chez les patients sous androgénothérapie de longue durée (voir Surveillance et épreuves de laboratoire).
Il a été noté que les dérivés alkylés de la testostérone (comme la méthandrosténolone) diminuaient les besoins en anticoagulant des patients sous anticoagulothérapie orale (p. ex., la warfarine). Il importe donc de surveiller de près ces patients, tout particulièrement au début ou à la fin d’une androgénothérapie (voir INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES – Interactions médicament-médicament).
Fonction visuelle
Le traitement par la testostérone peut causer une choriorétinopathie, laquelle peut entraîner des troubles visuels.
Appareil respiratoire
Le traitement de l’hypogonadisme masculin par la testostérone peut parfois potentialiser une apnée du sommeil existante, surtout en présence de facteurs de risque comme l’obésité ou une maladie pulmonaire chronique.
Fonction sexuelle / reproduction
La gynécomastie est fréquente et persiste parfois chez les hommes traités pour l’hypogonadisme.
Un priapisme ou une stimulation sexuelle excessive peuvent se produire.
Une oligospermie peut suivre une administration prolongée ou une prise excessive du produit.
Peau
De l’inflammation et de la douleur au point d’injection intramusculaire sont possibles.
Populations particulières
Femmes enceintes : DEPO-TESTOSTERONE ne doit pas être administré aux femmes enceintes. L’alcool benzylique traverse la barrière placentaire (voir MISES EN GARDE ET PRÉCAUTIONS, Généralités). La testostérone peut être nocive pour le fœtus. L’exposition de la mère à la testostérone en cours de grossesse a été associée à des anomalies fœtales. Lorsqu’elle est administrée à la femme enceinte, la testostérone est connue pour induire une masculinisation des organes génitaux externes des fœtus femelles.
Femmes qui allaitent : DEPO-TESTOSTERONE ne doit pas être administré aux femmes qui allaitent.
Enfants (< 18 ans) : Toute androgénothérapie devrait être entreprise avec circonspection chez des hommes dont l’hypogonadisme a entraîné un retard pubertaire. De fait, les androgènes peuvent accélérer la maturation osseuse sans produire de croissance linéaire en compensation. Cet effet indésirable peut se traduire par des problèmes staturaux chez l’adulte. Plus le patient est jeune, plus le risque d’altération de la taille adulte est présent. Il importe de surveiller étroitement l’effet de l’androgène sur la maturation osseuse en évaluant régulièrement l’âge osseux au niveau du poignet et de la main.
Personnes âgées (> 65 ans) : On ne dispose que de très peu de résultats d’études cliniques comparatives étayant l’utilisation de la testostérone chez des personnes âgées, et pratiquement aucune étude clinique comparative n’a été réalisée chez des personnes de 75 ans ou plus.
Les hommes âgés traités aux androgènes pourraient être plus exposés à une hyperplasie ou à un cancer de la prostate.
Les patients âgés, tout comme les autres patients présentant des caractéristiques cliniques ou démographiques formellement associées à un risque plus élevé de cancer de la prostate, doivent faire l’objet d’un dépistage avant l’instauration de l’hormonothérapie substitutive par la testostérone.
Chez les hommes sous traitement substitutif, la recherche vigilante du cancer de la prostate doit être modelée sur les directives courantes s’appliquant à l’eugonadisme.
Surveillance et épreuves de laboratoire
Il faut mesurer le taux de testostérone au début du traitement par DEPO-TESTOSTERONE (voir POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION, Considérations posologiques). Il importe de procéder périodiquement à des dosages (de la testostérone sérique, entre autres) pour vérifier que la réponse au traitement est adéquate.
Il n’existe actuellement aucun consensus concernant la concentration normale de testostérone pour les diverses tranches d’âge. On s’entend toutefois pour dire que, chez les jeunes hommes eugonadiques, elle se situe à quelque 10,4 à 34,6 nmol/L (de 300 à 1000 ng/dL). Il ne faut toutefois pas oublier que la concentration physiologique de testostérone diminue avec l’âge.
On recommande de procéder régulièrement aux épreuves de laboratoire ci-dessous, pour que d’éventuels effets indésirables découlant – directement ou indirectement – du traitement substitutif soient décelés et pris en charge :
- mesure de l’hémoglobinémie et calcul de l’hématocrite (pour déceler toute polyglobulie);
- explorations fonctionnelles hépatiques (pour déceler toute hépatotoxicité associée aux androgènes 17α-alkylés);
- dosage de l’antigène prostatique spécifique (PSA) et toucher rectal, particulièrement si le patient éprouve de plus en plus de difficulté à uriner ou si ses habitudes mictionnelles sont perturbées;
- bilan lipidique (mesure des taux de cholestérol total, de LDL, de HDL et de triglycérides);
- les patients diabétiques doivent faire l’objet d’une surveillance attentive; leur dose d’insuline ou d’hypoglycémiant oral doit être ajustée en conséquence (voir INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES – Interactions médicament-médicament).